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dimanche 27 décembre 2015

HOMMAGE. DEUX BEAUX COMPATRIOTES DE L’AILLEURS : ERNEST HAMY ET AUGUSTE PINART.

BALTHUS
BALTHUS
J’ai vécu mes premières années dans une rue de Boulogne-sur-Mer dont le nom, seulement maintenant, plus d’un demi-siècle plus tard, évoque autre chose que ces associations qui forment le fond ensommeillé, parfois plein de poésie, des esprits encore mal contrôlés que sont les esprits d’enfance.  
Ernest Hamy, cet élément de signalétique que je recopiais avec ma date de naissance sur les étiquettes de mes cahiers d’écolier, n’était pour moi qu’une séquence graphique intellectuellement vide  qui, même plus tard, lorsque je fus devenu moins ignorant et alors même que les hasards de l’existence m’eurent conduit à m’installer à deux pas du beau manoir  du Waast qui fut la résidence d’été de mon lointain compatriote, me laissa sans curiosité. Stupidement, ma pensée le rangeait parmi les vieilles notabilités, sans histoire et sans gloire. Pourtant Hamy fut dans la seconde moitié du XIX ème siècle, un de ces enfants de Boulogne que son époque et son tempérament généreux portèrent, pour reprendre les mots merveilleux de Montaigne à embrasser l’univers comme sa ville, à jeter ses connaissances, sa société, ses affections à tout le genre humain, persuadé aussi qu’il était, comme nombre de ses contemporains éclairés, des indiscutables bienfaits de la science, des sciences devrais-je dire, et de la marche irrésistible, juste un peu ralentie parfois, du Progrès.

jeudi 10 décembre 2015

DU TEMPS OÙ LA CLASSE OUVRIÈRE ÉTAIT DIGNE. DOCHERTY DE McILVANNEY

Le poète et romancier écossais, William McIlvanney, vient de mourir le 5 décembre dernier. Pour avoir, grâce à mon ami Freddy Michalski, son traducteur, eu la chance de découvrir son superbe roman Docherty qui raconte l’histoire d’une famille de mineurs écossais peu avant le surgissement de la première guerre mondiale, je voudrais rappeler ici que McIlvanney ne fut pas que cet auteur de romans policiers qu’on a pris l’habitude de voir en lui, même si ces romans qui influencèrent, dit-on son cadet Peter May, ne manquent pas d’intérêt.

Docherty est un roman magnifique, tout en sensibilité, qui témoigne de l’extraordinaire capacité de son auteur à comprendre et à manifester dans toute leur subtilité les liens qui, en dépit des malentendus de surface et surtout des difficultés à traduire sentiments et pensées dans les formes d’une parole claire, rassemblent les membres d’une famille ouvrière, dans un contexte social où la pauvreté pour ne pas dire une certaine misère n’a pas encore, loin de là, comme on le voit de nos jours, défait le souci de la dignité et le sens des solidarités humaines les plus profondes. 

Nos lecteurs trouveront dans l’extrait que nous publions ci-dessous un très beau passage où les qualités de l’auteur, j’espère, lui apparaîtront dans leur évidence. Dans cet extrait, un jeune fils de mineur doué pour les études mais qui méprise son instituteur, tente d’expliquer à son père, qui ne sait pas lire, pourquoi il ne veut plus prolonger ses études et désire, comme lui, descendre à son tour à la mine.  

mercredi 18 novembre 2015

CENDRARS. PATRICIO GUZMAN. FABIENNE RAPHOZ ... TIENS VOILA DU BOUDIN ! COMMENT SORTIR DU NOIR ?

C’est effectivement le travail des artistes. Des écrivains. Des penseurs. Et bien entendu des poètes. Il serait toutefois dangereux de minimiser les difficultés d’une telle entreprise. Tant la réalité, si tant est qu’on puisse comme ça la désigner singulière, sidère. Tend à celui qui voudrait la regarder en face –pas à partir de ses simples réflexes mentaux - son visage pétrifiant de Méduse.

«  Un profond bouleversement de l’intelligence qui fait qu’on ne parvient pas à trouver ses mots »


Le poète Blaise Cendrars a connu, lui qui s’est volontairement jeté au cœur de l’épouvantable réalité de la première guerre mondiale, ce profond bouleversement de l’intelligence qui fait qu’on ne parvient plus à trouver ses mots, ses mots de poète, qui pourraient donner sens et l’on sait que contrairement à d’autres, comme Apollinaire par exemple, il ne se sentit plus en mesure – à l’exception d’ailleurs très significative de La Guerre au Luxembourg – d’écrire le moindre vers. Et dut attendre la seconde guerre mondiale avant de pouvoir évoquer sa propre blessure et de le faire, en prose.
Revenant en 1949, dans le Lotissement du ciel, sur ces moments où, soldat, il guettait à son créneau la nuit couvrant le no man’s land, il affirme qu’il ne trouve pas de réponse autre au terrible spectacle de la condition humaine « jetée en holocauste sur l’autel féroce et vorace des patries » que le refrain de la Légion, ce refrain qui, écrit-il, « vous fait franchir les parapets de la raison ».

« La perpétuelle réinvention de l’horreur à laquelle les hommes se prêtent de si bon cœur, de façon si diverse et parfois bien dissimulée, sur l’ensemble de la terre »