lundi 11 janvier 2016

DE L’AIR ! DE L’AIR ! DE L’AIR ! AVEC OUF DE LAURENCE VIELLE.

VALLOTTON
FELIX VALLOTTON LE BALLON 1899





Oui. Il y a quelque chose. Il y a vraiment quelque chose dans les poèmes et dans la façon surtout qu’elle a de les dire, de la comédienne et poète belge Laurence Vielle. Une dynamique de la parole accrochée à la vie ou de la vie accrochée à la parole y rejoint une part de notre laborieuse humanité en route sur la terre, s’émerveillant, dénonçant, s’essoufflant, repartant... pour emporter le lecteur/auditeur/spectateur loin loin loin, dans ce qu’il a pourtant de plus proche et le touche au plus profond.

Parente à certains égards de celle toujours renouvelée, libre et joueuse d’un Prévert, la poésie de Laurence Vielle n’a rien d’intellectuel. De philosophique. Encore moins d’hermétique. Si elle est travaillée, ce n’est pas dans le sens d’une complication métaphorique ou de la recherche d’une certaine originalité d’images ou de vocabulaire. D’un retardement voire d’une suspension de sens. Elle surgit au contraire, tout entière d’allant et d’évidence. Pour coller à la vie ordinaire dont elle mélange les histoires sans jamais les enfermer dans leurs pseudos vérités naturalistes.


Certes, cette poésie toute d’empathie avec les êtres et le monde, n’évite pas toujours le piège des représentations convenues. Mais quelle poésie aujourd’hui est parfaite ? Qu’importe d’ailleurs le schématisme de certaines évocations telles que celle de l’employée de Grande Surface responsable de la mise en place des fameuses Têtes de Gondoles (T.G.), voire celle encore de Rimbaud le fugueur ... elles ne sont en fait que matières à laisser s’exprimer l’hypersensibilité d’un auteur qui se sent de partout rattachée à tout ce qui existe. À fleur de peau. À fleur de mots. Que ce soit la Terre qui tourne, tourne et la fait « rouler avec elle / comme une bille », le Temps qui passe, passe, passera et la relie tout autant à ses plus lointains ancêtres qu’à ses plus distants descendants.

Effaçant autant qu’elle peut les frontières entre intérieur et extérieur, Laurence Vielle invente ainsi une poésie poreuse toute en circulation où par l’obstination du souffle, la reprise insistante d’haleine, le petit moi, « tout maçonné, tout cimenté » comme écrivait Giono, se déclot, se laisse traverser par les multiples et si contrastés courants qui emportent la vie. Souvent la découragent. Y répondant toutefois, par une folle dépense d’énergie OUF qui ne s’accorde que juste le temps qu’il faut pour souffler. Se redonner de l’air ! OUF. Avant de repartir de plus belle pour écarter toujours davantage les barreaux de notre univers.







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